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D. écrit à son député, qui lui répond

Voici le courrier que D. a envoyé à son député:
Avec la loi actuelle il y a deux catégories de citoyens (alors que notre Constitution affirme que nous avons tous les mêmes droits…):

  • -- d’une part les médecins et leurs proches, qui savent comment faire concrètement lorsqu’une personne souhaite terminer sa vie en douceur, sans souffrance, de façon humaine, sans être obligée de subir la période « perte de qualité de vie et de dignité »;

  •  et d’autre part, le reste des citoyens, qui ne peuvent actuellement que subir une mort lente et cruelle : mourir de faim et de soif. En effet, le patient peut exiger l’arrêt du traitement curatif puisque la loi interdit l’acharnement thérapeutique, mais s’il n’a pas la chance d’être traité par un médecin humain, généreux et courageux, il devra, soit mourir de faim et de soif (loi actuelle), soit se jeter du haut d’un immeuble (au risque de tuer un passant), soit se jeter sous un train : nous ne pouvons qu’imaginer ce que peuvent ressentir, d’une part le conducteur du train, et d’autre part, les secouristes qui devront ramasser les morceaux de cadavre…

Comment, dans un pays dit civilisé, au 21ème siècle, peut-on en arriver à se jeter dans le vide ou sous un train… C’est une honte pour ce pays alors que d’autres nations ont déjà résolu ce problème depuis plusieurs années: seuls les citoyens qui peuvent se le permettre financièrement vont en Suisse ou en Belgique ! Actuellement une minorité de « responsables » français fait blocage, par ignorance ou par mépris de la liberté de chacun, ce qui est un comble dans un pays démocratique !

Chacun doit pouvoir choisir la fin de sa vie. Le tout étant de prendre position par écrit sans tarder afin que nos proches n’aient pas à vivre un dilemme terrible si un jour… Un écrit qui pourrait commencer par « Si un jour je ne peux plus m’exprimer, ni oralement ni par écrit, je souhaite que… » .

Naturellement, cet engagement pourra être modifié par son auteur ultérieurement s’il le souhaite. Ainsi chacun de nous aura la garantie que sa volonté sera respectée, quels que soient les avis des proches, des médecins... Il suffit d'avoir vécu une seule fois la fin d’un proche qui n’avait pas pris ce genre de précaution pour savoir qu’il est urgent que la bonne loi soit enfin votée, respectueuse de la liberté de chacun et qui évite aux proches une souffrance supplémentaire : une vie qui n’est plus que de la survie biologique par acharnement thérapeutique contre nature, une personne qui a perdu toute dignité et qui ne peut pas forcément s’en rendre compte car son cerveau est matraqué par un antidouleur très puissant…

D'avance merci de votre action pour que la volonté de chacun soit respectée.
Et la réponse du député: 

Monsieur, J’accuse bonne réception de votre courriel en date du 5 avril. J’ai bien pris connaissance de votre demande concernant une potentielle révision des lois
sur la bioéthique. De nombreux événements dramatiques tels que "l'affaire Jean Mercier"
ou encore le récent récit émouvant d’Anne BERT ont profondément nourri le débat public
et sensibilisé les français à cette cause. A cet égard, un récent sondage démontre que
les Français ont un avis favorable à la fin de vie assistée.
J’y prends part. Depuis le début des années 2000, les questions liées à l’euthanasie et au suicide assisté
ont été abordées à plusieurs reprises par les législateurs. Ainsi, la loi LEONETTI de 2005
a constitué une certaine avancée en la matière. Elle a permis de favoriser les soins
palliatifs et de lutter contre l’acharnement thérapeutique. En 2016, le parlement a de nouveau
ouvert le débat lors de la loi LEONETTI-CLAYES. Cependant, elle n’a pas engendré de réels
progrès pour la fin de vie assistée. Dès lors, il revient à cette nouvelle législature
d’apporter à ce sujet de société, des réponses efficaces et mesurées. Dès le mois de septembre 2017, mon collègue Jean-Louis TOURAINE, député du Rhône,
a initié un groupe d’étude thématique à l’Assemblée nationale. Auteur d’une proposition
de loi portant sur la fin de vie dans la dignité, il a également rassemblé 156 parlementaires
autour d’une tribune alertant sur la nécessité de légiférer rapidement. En conclusion de
son travail, le député remettra un rapport d’évaluation de la loi LEONETTI au mois
d’avril 2018. Par ailleurs, la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès BUZIN (sic), a lancé
les États Généraux de la bioéthique le 18 janvier dernier. Cette concertation sera placée
sous l’égide du Comité consultatif nationale d’éthique (CCNE) afin d’envisager une révision
de la loi bioéthique de 2011. Dès la prochaine rentrée, le CCNE remettra son avis et
ses préconisations aux pouvoir publics. Conscient que le droit applicable n’est pas pleinement satisfaisant et impose en
cela des modifications de l’ordre du législatif, je ne manquerai pas de m’impliquer
dans les différents travaux parlementaires relatifs à ce débat de bioéthique.
Soyez assuré que ces temps d’échanges se feront de façon sereine et apaisée. En vous remerciant pour votre confiance, je vous prie d’agréer, Monsieur,
l’expression de ma haute considération.

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Commentaires: 1
  • #1

    Alix (vendredi, 02 novembre 2018 10:05)

    J'ai 68 ans et en super forme.ceci n'exclue pas que je pense à la fin de ma vie.
    Je souhaite ardemment que notre gouvernement ,qui se veut ,à la pointe de tout,accepterait , enfin,de donner la possibilité de mourrir selon son choix personnel ,accompagné,médicalement,afin de pas partir en suisse ou en Belgique.
    Mon souhait est très très fort,et cela correspond aux droits de l'homme,si défendu en France!
    Vieillir oui,mais pas dans la souffrance qui de toute façon conduit à la mort!!!
    Merci à tous

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