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Un jour peut-être...

Par Nathalie Andrews, Animatrice à l'ADMD en Belgique.

Il y a quelques années, ces lignes me sont venues, inspirées par le souvenir de mon père mort en 2001, victime de la maladie d’Alzheimer, après sa sœur et des cousins, parmi tant d’autres.

 

Pourquoi eux hier, pourquoi pas moi demain, pourquoi pas vous et quand ?

 

Mon père était retombé en enfance, mais peut-on parler d’enfance - synonyme d’évolution positive et d’espoir -  pour définir une situation négative et désespérée ?

 

Lui, cet homme fier, courageux, indépendant et élégant, ne me reconnaissait plus. Il ne différenciait pas un couteau d’une cuillère et avait oublié l’existence des toilettes pour satisfaire des besoins naturels tout en pleurant de s’être sali.

 

Moi-même, je ne savais plus vraiment qui il était.

 

Je ne veux pas lui ressembler dans cette dernière étape de sa vie. Mais est-ce vivre, au sens où vous et moi l’entendons et le vivons aujourd’hui ?

 

Si je ne meurs pas dans mon sommeil, ou d’un infarctus foudroyant, ou bêtement dans un accident, je souhaite partir avant que la déchéance physique et/ou intellectuelle ne me rattrape et ne me rende prisonnière.

Choisir le moment, après avoir réglé mes affaires, dit au revoir à celles et ceux qui me sont chers, m’être régalée une dernière fois d’un beau paysage ou d’une merveilleuse symphonie. Etre libre de faire ce choix, un jour, peut-être… car dans notre pays, la France, le médecin qui répondrait aujourd’hui à ma demande deviendrait un hors-la-loi !

 

Depuis la moitié du XXe siècle, grâce aux avancées de la médecine, l’espérance de vie a été grandement augmentée. Certains d’entre nous peuvent à 90, 95 ans ne pas souffrir de pathologies mortelles, mais notre tissu social s’est affaibli (ou a disparu pour beaucoup), peut-être sont-ils devenus aveugles, le corps s’est fragilisé et le seul fait de passer du lit à la chaise peut se révéler un exercice lent et douloureux !

 

Française, je lutte, comme beaucoup de mes compatriotes pour qu’un jour, peut-être

la classe politique de mon pays, de votre pays, accepte de légiférer afin que chaque citoyen(ne) puisse  – si c’est son souhait – partir en toute dignité. Sans oublier les médecins, qui aident des patients en pratiquant cet acte d’humanité, pour qu'ils ne soient enfin plus passibles des tribunaux, comme c’est encore le cas aujourd’hui !

 

En Belgique, depuis 2002, existe une loi que nombre de pays lui envient. Cette loi dépénalisant l’euthanasie a été  une formidable avancée sur le plan humain. C’est une liberté, un choix individuel qui doit être respecté. Dans ce pays, pourtant, un véritable réseau de soins palliatifs (en milieu hospitalier ou à domicile) existe !

 

Actuellement, le plus important est que cette loi puisse continuer d’être appliquée, tout en espérant

 

Qu’un jour, peut-être…, une loi semblable puisse exister en France !

 

Nathalie Andrews

2012..et en 2018, toujours pas de loi

 

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